Augure est le nom donné à la fois aux présages (événements ou éléments de bon ou de mauvais augure) et aux devins interprétant ces présages. Un augure constituait une sorte de divination qui se faisait par l'interprétation du vol des oiseaux et de la manière dont ils mangeaient, ou des météores ou des phénomènes qui apparaissaient dans le ciel.
Cet art avait pris son origine chez les Chaldéens, d'où le tirèrent les Grecs et ensuite les Romains. Le Collège des Augures, à Rome, dont le chef s'appelait magister collegie, fut d'abord composé de trois, puis de quatre, puis enfin de neuf augures dont quatre patriciens et cinq plébéiens.
La loi des Douze Tables défendait, sous peine de mort, de désobéir aux augures. Lorsqu'ils voulaient proclamer leurs observations, ils montaient sur une tour, se tournaient vers l'Orient, partageaient l'horizon en quatre parts à l'aide d'un bâton en forme de crosse, sacrifiant ensuite aux dieux en se voilant la tête de leurs vêtements.
De tous les météores qui servaient à prendre l'augure, les plus sûrs étaient le tonnerre et les éclairs — bénéfiques s'ils venaient de la gauche parce qu'ils partaient, disait-on, de la droite des Dieux. Les vents s'observaient aussi, mais on ignore lesquels étaient de bon ou de mauvais augure. Les oiseaux dont on observait le vol et le cri étaient l'aigle, le vautour, le milan, le corbeau — sans oublier les poulets qui jouaient un rôle tout particulier (voir au mot Poulet).
Les Gaulois étaient aussi versés que les Romains dans la science augurale. Ils distinguaient Augurium Coeleste, l'augure que l'on tire de la foudre ; AuCoactum, celui qu'offraient des poulets affamés ; Augurium Imperati, celui que l'on demandait aux Dieux ; Augurium Nauticum, celui que les matelots prenaient sur les oiseaux de la mer ; Augurium Oblativum, celui qui se présentait sans qu'on le demandât.
Dans les temps modernes, on retrouve en Orient comme en Occident une pratique des augures, moins variée d'ailleurs. Les Grecs modernes interprètent encore dans les campagnes le chant des oiseaux ; ils interprètent aussi les chants des pleureuses à gages. Pour le reste, c'est devenu une simple superstition, comme il en existe dans tous les pays. Ils évitent, par exemple, de rencontrer le matin un papas (prêtre) ou un moine, présage d'une chute de cheval. Ils détestent aussi, lorsqu'ils sont à jeun, entendre braire un âne, etc... A Madagascar, on consulte les augures grâce à un sable fin prélevé en des endroits spéciaux et qu'on conserve dans une petite calebasse. On répand le sable sur une planche et on y trace avec le doigt des signes divers. Ces signes s'inscrivent plus ou moins et s'effacent plus ou moins. On en tire toutes les déductions voulues.
Pratiquement, les augures ne diffèrent pas des autres procédés divinatoires (voir l'article Aruspices ). Pour se faire une opinion sur les augures, il faut penser que tout peut servir de support de voyance ; que par surcroît, les augures pressentent en certains cas les modes scientifiques d'observation — la météorologie et surtout l'astrométéorologie nous remettant sur la voie des rapports qui unissent les météores aux événements (variations des taches solaires et variations concomitantes des événements politiques ou géographiques, etc...).
Par ailleurs, il faut, dans un esprit de justice, ne pas être plus exigeant à l'égard des civilisations passées qu'on ne l'est à l'égard de la nôtre. Ce que l'histoire nous rapporte des augures est un mélange de science et de superstition — tout comme chez nous, l'art de l'accoucheur raconté par les historiens de village paraîtrait un affreux mélange de vérité et de préjugés gratuits, de technique et de pratiques fantaisistes. Tout laisse croire notamment que les Grecs et les Romains, superstitieux de nature, n'en avaient pas moins la tête sur les épaules et savaient à quoi s'en tenir.
Ce qui doit retenir l'attention n'est pas le fait que nous soyons déconcertés par l'absence de rapport logique entre le signe et la chose signifiée, mais au contraire le fait que tel signe a toujours une correspondance analogique valable avec l'événement annoncé. A ce titre, la science augurale, les superstitions et présages constituent un livre ouvert dans lequel la science contemporaine peut et doit lire le message et l'image de l'inconscient collectif et de l'inconscient cosmique. (Voir Correspondances, Analogies, ainsi que Introduction aux Sciences Occultes . Penser aussi aux travaux des psychanalystes contemporains sur le folklore et la Tradition).