Les Ânes sont deux étoiles de la constellation du Cancer. Quant à l'animal, l'âne était sacrifié par les Perses à Mars ; ce peut n'être là qu'un rite de magie guerrière, car les Daces portaient dans les combats une tête d'âne en guise d'enseigne.
D'emblème totémique ou symbolique, il se trouve que la tête d' âne a pris le sens de courage dans l'antiquité la plus reculée. En Grèce, par contre, l' âne était consacré à Priape, à qui on l'offrait en sacrifice — en souvenir, dit la légende, de ce que ce Dieu en avait tué un lors de l'expédition de Bacchus aux Indes.
Pour les Égyptiens, l'âne était le symbole de Typhon. Ils traçaient son effigie sur les gâteaux offerts en sacrifice à ce Dieu du Mal.
La civilisation romaine, superstitieuse, avait peut-être conservé un souvenir de cette dédicace, car la rencontre d'un âne était considérée à Rome comme un mauvais présage. Par contre, la mythologie nous montre l'âne sous un jour beaucoup plus instructif ; Jupiter avait accordé la vertu de l'éternelle jeunesse aux hommes. Il chargea l'âne de Silène de nous apporter cet inestimable trésor. Or, l'âne, fatigué, rencontra une source et voulut s'y désaltérer.
A ce moment, le serpent, gardien des Eaux, lui signifia que pour en boire, il fallait lui céder le trésor. Le stupide animai troqua contre quelques gorgées d'eau une liqueur plus précieuse que le nectar. C'est depuis ce temps que les serpents ont la propriété de changer de peau et de reprendre tout l'éclat et la vigueur de la jeunesse.
Ce mythe rappelle avec évidence l'aventure d'Ève et du Serpent. L'animalité perd le don des Dieux par la tentation. Il est à noter que l'âne, dans nos expressions populaires, passe pour génésiquement puissant (monté comme, bander comme, etc...), ce qui est dans l'axe de sa vocation au Dieu Priape ; mais il passe aussi pour sot et entêté (sot comme, têtu comme, etc...). Le rapport va plus loin et le bonnet d'âne symbolise la punition par retour à l'animalité.
Dans le conte de Collodi, vulgarisé par le film : Les Aventures de Pinocchio, on voit le héros transporté dans une île où les enfants méchants sont voués à l'involution et où le premier symptôme de dégradation est l'allongement des oreilles. Dans le Tarot, les deux êtres humains enchaînés au socle du Diable ont des oreilles d'âne. De nombreux démons, dans toutes les mythologies, ont aussi cet attribut.
Par ailleurs — et par un effet de l'ambivalence habituelle, l'âne a aussi un rôle sacré lorsqu'il est femelle. Balaam est prévenue par son ânesse de la présence du Seigneur, l'ânesse réchauffe Jésus nouveau-né — et l'allaite même selon certaine tradition.
C'est sur une ânesse qu'a lieu la fuite en Égypte et sur une ânesse que le Christ entre à Jérusalem (il dit en substance d'aller chercher une ânesse allaitant son petit pour signifier qu'il s'agit bien de la femelle en période de vie génitale active) (1).
Là, on retrouve le côté sacré de la vie animale féminine, le mythe de la Déesse Mère, d'Isis, etc. Les utilisations qu'on peut faire de l'âne et de l'ânesse en magie opératoire dérivent des significations qui viennent d'être esquissées.
(1) Ali Boron, qui transporta Mahomet, était un mulet dont la symbolique est différente (côté mixte de Mercure).