On appelle astrologie mondiale, par opposition à l'astrologie individuelle ou judiciaire, celle qui ne s'attache qu'aux rapports existant entre les mouvements célestes et les phénomènes mondiaux, sociaux ou collectifs. Cette branche de l'astrologie est assez peu développée et n'a jamais fait l'objet de beaucoup d'études systématiques. Elle pose des problèmes assez peu faciles à résoudre.
1°) En premier lieu, elle tend à se servir, comme l'astrologie, de la notion de moment initial (voir au mot ASTROLOGIE). Or il est souvent difficile de dire avec précision quel moment a pris naissance un courant social, à quel moment a commencé une agitation révolutionnaire, etc...
2°) Faute de pouvoir dire à quelle heure est née l'Australie ou la Russie, on est privé d'une indication essentielle concernant leur signature planétaire et zodiacale individuelle. On s'en tire en alléguant que la Tradition met la Russie sous le signe du Verseau, la ville de Paris sous le signe de la Vierge, le quartier du Louvre sous le signe du Lion, etc... Tout cela reste à homogénéiser, car les auteurs, de surcroît, ne sont pas d'accord.
Armand Barbault a mis la question sur un autre terrain bien plus solide. Son point de départ est le suivant : considérons deux planètes A et B, auxquelles la tradition accorde respectivement les sens a et b. Si l'on considère ces planètes au moment où elles sont en conjonction, et qu'on suive leur évolution, la plus rapide va se séparer de la plus lente, faire avec elle un angle de plus en plus grand — jusqu'à ce qu'elle la rattrape après avoir pris un tour d'avance.
D'une conjonction à l'autre, les planètes A et B vont s'être trouvées successivement en carré, en trigone, en opposition, etc...
Analogiquement, les moments correspondant à ces aspects doivent marquer des événements de nature D (ab), A, (ab), 8 (ab), etc...
Comme le tableau des aspects planétaires est aisé à dresser (au moins en principe : la Société Française de Psychosociologie en a établi un graphique qui a nécessite plusieurs semaines de travail à une équipe de calculateurs et de dessinateurs), et comme par ailleurs les événements notables figurent tous dans des chronologies mondiales, on peut voir :
1°) Si les configurations marquantes ont correspondu à des événements marquants.
2°) Si la nature de ces événements confirme ou infirme la valeur a, b, c, etc... donnée par la tradition aux planètes A, B, C, etc... en astrologie judiciaire.
Les résultats ont été plus qu'encourageants et, dans le cas de certains cycles (Jupiter-Uranus et les cycles de planètes lourdes), les coïncidences sont souvent saisissantes. Outre que cette recherche — plus longue à poursuivre systématiquement qu'à exposer dans son principe — offre un champ de spéculation de tout premier intérêt, elle a l'avantage, essentiel à notre point de vue, d'obliger l'astrologie à préciser son symbolisme, ce qui est particulièrement précieux. Ainsi, on est habitué à attribuer à Jupiter, parce qu'il est ordre et organisation, un sens conservateur.
C'est si peu vrai qu'il est présent dans toutes les conjonctures de révolution — ce qui s'explique par le fait que la révolte diffuse ne devient révolution que dans la mesure où elle est ordre et synthèse. Uranus change positivement de définition à chaque cycle, tout en restant dans l'axe d'un sens central évidemment plus profond, et qui n'apparaîtrait peut-être pas aussi clairement sans les études d'Armand Barbault.
Enfin, et c'est un vœu personnel que nous exprimons en même temps qu'une remarque, la méthode que nous venons d'esquisser serait éminemment propice — étant donné que les configurations célestes sont les mêmes pour tous les pays du monde à un moment donné (au moins pour les planètes lentes) — à définir le symbole représentatif de chaque pays ou région, c'est-à-dire sa manière propre de correspondre à un état universel donné.
En outre, et l'histoire aidant, il serait assez facile de mettre au point la notion d'orbe (voir ce mot) et, s'il y a lieu, de la conserver avec son sens actuel. (Il y a lieu de signaler à tous les chercheurs qui s'intéressent à l'Astrologie mondiale ainsi comprise :
1°) Le Tableau synoptique de l'Histoire des Civilisations, de Pierre Maheu.
2°) Le Graphique des Positions Planétaires de l'an 1000 à l'an 2000, du même auteur).