L'idée de faire correspondre les couleurs à des notions est aussi vieille que le monde. Et le monde a fait ses essais jusqu'à ce que l'usage dessine des dominances, des constances traduisant probablement une symbolique de plus en plus adéquate.

Les usages, les superstitions, les rituels, ont plus ou moins fixé le sens des couleurs, pour en arriver à ce que nous appelons aujourd'hui la signification traditionnelle des couleurs. Dans cette gigantesque mise au point, deux polarités inverses ont mené à deux systèmes symboliques inverses : celui d'Occident et celui d'Orient.
C'est ainsi que le Noir et le Blanc ont, en bien des points, un sens opposé en Chine et en Europe. C'est ainsi que la peinture japonaise est basée sur le système Orangé-Violet-Vert, alors que la peinture de nos écoles classiques est basée sur le système Rouge-Bleu-Jaune.

Pour la clarté, nous distinguerons seulement une foule de symboliques spéciales des couleurs, que nous n'exposerons pas toutes, mais qui participent plus ou moins de la symbolique chrétienne — et, d'autre part, une symbolique naturelle.

Dans la symbolique chrétienne prise pour type, toutes les couleurs dérivent de trois fondamentales, qui sont le Noir (la Ténèbres), le Blanc (la Lumière ou Sagesse divine), le Rouge (le Feu ou Amour Divin).
a première n'intervient ultérieurement que pour manifester l'intervention diabolique. Ainsi, le Rouge est Amour ; un rouge presque noir (le sang noir) symbolisera l'amour bestial.
Les deux autres couleurs au contraire se combineront pour donner le Jaune (Rouge + Blanc), qui symbolise la révélation ; le Bleu (Rouge — Blanc), qui symbolise la vie ; le vert (Jaune + Bleu) qui symbolise la manifestation de la Sagesse et de la Bonté divines dans l'acte. Chaque couleur revêt trois aspects, selon le plan de manifestation.

Le rayon lumineux lui-même symbolise le principe (le Feu symbolise l'Amour); les corps translucides symbolisent la manifestation (le vitrail rouge, le rubis se rapportent à l'amour des Saints ou à l'Amour Noble) ; les corps opaques sont en rapport avec le plan de l'acte (Roses rouges : Amour ardent ; Vêtement rouge des enfants de chœur : Culte de Dieu).

L'héraldisme traduit la même symbolique et établit un pont entre la symbolique des couleurs et la septénaire planétaire, selon le tableau suivant :

 

Comme on le voit, les lois de composition symbolique ne procèdent pas de lois connues en physique. Au contraire, la symbolique naturelle les suit d'une façon surprenante.

Nous ne citerons qu'un fait, d'après M. l'abbé Plaquevent. Cet éminent symboliste fut appelé à donner son avis sur un radiesthésiste que d'aucuns croyaient sorcier. Il examine le matériel du brave homme, qui opérait dans une pièce entièrement blanche et utilisait les couleurs comme système de référence. Il avait réinventé la symbolique tout seul, à force de tâtonnements et de comparaisons.
Pour le diagnostic médical notamment, le rouge était en rapport avec le sang, le blanc avec la lymphe, etc..., enfin la possession et les maladies de cet ordre correspondaient à une couleur chocolat verdâtre assez curieuse — proche de la couleur des excréments. Cette couleur est effectivement celle du Diable dans la symbolique chrétienne.

Mais où le fait devient intéressant, c'est quand on remarque que cette teinte résulte d'un mélange de toutes les autres couleurs. Ainsi, si on peint un disque d'une myriade de petits points de toutes les couleurs — ce qu'on peut obtenir en mélangeant sept encres de Chine et en répartissant ainsi, au pinceau, d'innombrables pigments de toutes les couleurs — le disque prend la teinte chocolat verdâtre en question.

On sait que, par contre, les sept mêmes couleurs, lorsque le disque est en mouvement, comme dans la célèbre expérience de Newton, donnent à l'œil l'impression d'un blanc éclatant. Entre la couleur du Diable et la couleur divine, il y a donc la
différence du Mouvement — de la vie. Autrement dit, le Diable, c'est la manifestation considérée en elle-même et pour elle-même. En dépersonnalisant les couleurs par le mouvement, on rejoint le Soi ou synthèse divine — ce qui est conforme aux mythes diaboliques (voir au mot Lucifer).