— Initiation — Le mot Initiation, popularisé par la mauvaise littérature occultiste, n'a rien de mystérieux, ni d'ailleurs rien de commun avec ce qu'on en raconte (voir au mot Grands Initiés). Introduction aux Sciences Occultes éclaire le fond de la question. Il faut souligner que l'initiation n'a rien de commun avec ce qu'on appelle l'initiation aux mathématiques ou à la broderie anglaise. Dans ces derniers cas, il s'agit de l'acquisition d'un savoir, alors que l'Initiation comporte une transformation de la personnalité.
Il est difficile de faire saisir en quoi consiste le travail initiatique. On peut seulement indiquer, à titre de directions très générales, qu'il comporte :
1°) Un travail d'analyse sur soi-même, tendant à la consciencialisation totale — et dont la psychanalyse nous offre une image rudimentaire.
2°) Un travail de découverte des différents plans de l'être habituellement inconscients ou non explorés.
3°) Une expérimentation de ces différents plans, orientée vers le but d'en tirer une plus grande participation à l'univers et de saisir intuitivement et avec évidence les rapports réels de cet univers avec l'individu et avec le moi. Ce qu'on appelle épreuves ne sont que des symboles rituels de cette expérimentation.
4°) La conduite d'un maitre — parce que le travail « psychanalytique » ne peut pas se faire seul, par définition ; et parce que toute expérimentation suppose la surveillance d'un guide plus expérimenté. Tout le travail correspondant à ce programme ne suit pas un protocole fixe. Car la nature de ce travail varie avec chaque individu. On a le tort de s'imaginer par exemple qu'il y a cinq yogas, une initiation égyptienne, etc... Non : il y a une infinité de voies. L'esprit les ramène à quelques schémas par pure commodité et parce qu'il existe des langages propres à certaines catégories d'initiations.
Enfin, une des grosses erreurs à déraciner est de croire que l'initiation conditionne une vie douce et de méditation, une alimentation parfumée à la rose et un décor saint-sulpicien. L'initiation commande souvent une vie rude, toujours une vie concrète. Elle est impensable sans un sens solide des réalités, une aptitude à la bataille, une puissance instinctive à toute épreuve. Le rose pâle et le bleu pâle sont les attributs de l'émasculation et non ceux de l'entreprise la plus ardue qu'un homme fort puisse oser.