— Louis-Claude de Saint-Martin, né le 18 janvier 1743 et mort en 1803, fut le disciple de Martinez de Pasqually, son initiateur auquel il resta fidèle jusqu'à la mort de celui-ci en 1774 en faisant office de secrétaire.
Plus tard, il essaya de faire passer la mystique avant la théurgie mais il ne réalisa pas pleinement cette tentative que réussit en revanche Papus. Toutefois, on peut affirmer que la quasi-totalité des sociétés spiritualistes françaises s'inspirèrent de sa pensée.
Certains Orphelin de mère de bonne heure, élevé par une belle-mère très bonne, Louis-Claude (Amboise, 18 janvier 1743 -Aulnay, 13 octobre 1803) fit ses humanités au collège de Pont-Levoy. Son père le destinait à la magistrature. Bientôt, il abandonna le droit, qui l'excédait, et acquit un brevet d'officier. Il servit au régiment de Foix, alors cantonné à Bordeaux. Un officier de son unité, M. de Grainville, lui fit connaître les Elus Cohen, et bientôt Saint-Martin devint le secrétaire bénévole de Martines de Pasqually. Son initiation dans la haute maçonnerie date sans doute de 1765. Il devint réau-croix en 1772. Quelques années plus tard, il abandonna la voie théurgique, après avoir été très lié avec Jean-Baptiste Willermoz. Il suivit une voie mystique personnelle. À Strasbourg, il connut, par Mme de Boalin, les œuvres de Jacob Böhme qu'il traduisit et qui eurent sur sa pensée et son comportement une influence considérable.
Bien que “ci-devant”, il traversa sans encombre la Terreur, ainsi que sa protectrice et disciple, la duchesse Mathilde de Bourbon, mère du duc d'Enghien. Sous le Consulat, il se retira dans la vallée aux Loups de Chatenay-Malabry et mourut chez le sénateur Lenoir-Laroche.
Louis-Claude de Saint Martin,
son certificat d'Elu Cohen.
La pensée de Saint-Martin
La pensée de Saint-Martin se définit le mieux à partir de la doctrine de Martines de Pasqually. Du Traité de la réintégration, Saint-Martin n'a jamais rien répudié : surtout la nécessité pour l'homme du désir de réintégrer son principe. Et le Maître comme le disciple devenu un maître tiennent que, pour cette mission essentielle, la théurgie seule vaut.
Mais quelle théurgie ? Martines l'enseigne cérémonielle, rituelle. Une théurgie qui permet de se servir des Esprits pour rétablir le contact avec l'En-Haut.
Plus chrétien que Martines, Saint-Martin croit, lui, que grâce au Christ — seul Réparateur et seul Médiateur —l'homme peut être réconcilié avec Dieu sans souffrir ni des lenteurs ni de l'imperfection des cérémonies d'évocation et d'exorcismes. La Toute-Puissance christique rend inutile le recours aux puissances intermédiaires qui nous entourent. Mais cette optique ne constitue pas un désaveu de l'enseignement de Martines : un approfondissement, plutôt.
Et Saint-Martin voit l'approche de Dieu, la réintégration, selon une optique toute intérieure, “sur soi” : opération du cœur à un triple niveau. Travail de connaissance, travail d'amour, travail enfin des forces inférieures liées au sang : imagination, paroles et gestes.
Voici en quel sens la voie tracée et suivie par le Philosophe Inconnu est dite soit “interne” soit “cardiaque”.
L'influence de Jacob Böhme
Böhme fournit notamment à Saint-Martin l'idée extrêmement importante de la Sophia, ou Sagesse divine, principe féminin du Grand Architecte de l'Univers, dont la partie mâle est le logos.
Ainsi, pour Saint-Martin, la démarche du théurge (mieux nommé désormais théosophe) conjugue le travail intérieur, sophiurgique principalement, avec l'étude de la matière dont le symbolisme dévoile la Sophia qui l'anime.
Cette démarche est en un sens l'initiation. Voici comment Saint-Martin définit l'initiation :
“La seule initiation que je prêche et que je cherche de toute l'ardeur de mon âme est celle par laquelle nous pouvons entrer dans le coeur de Dieu et faire entrer le cœur de Dieu en nous pour y faire un mariage indissoluble qui nous fait l'ami, le frère et l'époux de notre Divin Réparateur. Il n'y a pas d'autres moyens pour arriver à cette sainte initiation que de nous enfoncer de plus en plus jusque dans les profondeurs de notre être et de ne pas lâcher prise que nous ne soyons parvenus à en sortir la vivante et vivifiante racine.”
L'influence de Saint-Martin
Elle fut et reste considérable. Son œuvre a influé profondément sur le romantisme germanique et slave. En France, il a marqué les œuvres de Balzac, de Sainte-Beuve, de Gérard de Nerval, de la plupart des penseurs spiritualistes du xixe siècle. Après un temps d'éclipse, il redevient actuel. Son public s'élargit. Tandis que des centaines de pages inédites voient le jour, que ses oeuvres majeures sont rééditées, le martinisme voit ses membres se multiplier, non seulement en France, mais dans tout le monde occidental.
Ouvrages
Pasqually (M. de) : Du traité de la réintégration (Paris, Chacornac, s.d.).
De son vivant, Louis-Claude de Saint-Martin publia :
Des erreurs et de la vérité (1775).
Tableau naturel (1782). L'Homme de désir (1790). Ecce homo (1792).
Le Nouvel Homme (1792). Le Crocodile (1799).
De l'esprit des choses (1800).
Le Ministère de l'homme-esprit (1801).
Œuvres posthumes :
Des nombres (1861).
Mon portrait historique et philosophique (1961).
Maison mortuaire de Saint-Martin
La maison où mourut Louis-Claude de Saint-Martin le 13 octobre 1803. Cette demeure à Chatenay-Malabry était la maison de campagne de son ami Lenoir La Roche
Tombe de Louis-Claude de Saint-Martin
Livres à consulter ou à télécharger
sur Gallica (Bnf) et Google livres
Liens de texts en français
La Correspondance inédite de L.-C. de Saint-Martin et Kirchberger, baron de Liebistorf
Le Crocodile, poème épiquo-magique
Paris-1798
Ecce homo
Paris - 1792
Éclair sur l'association humaine
Paris – 1797
Des erreurs et de la vérité, ou Les hommes rappelés au principe universel de la science
Edimbourg – 1775
De l'esprit des choses, ou coup d'oeil philosophique..., Tome. 1,
et Tome.2
Des nombres
Paris – 1861
L'Homme de désir
Grabit – 1790
Le Nouvel homme
Paris -1795
Le Ministère de l'Homme-Esprit
Paris - 1802
Tableau naturel des rapports qui existent entre Dieu, l’homme et l’univers
Edimbourg – 1782
Liens Anglais
WAITE, Arthur Edward,
Saint-Martin, the French mystic, and the story of modern Martinism
London 1922, W. Rider and son
Liens Allemand
VARNHAGEN VON ENSE, Karl August,
Angelus Silesius und Saint-martin : Auszüge - Johann Scheffler , Louis Claude de Saint -Martin,
1834 - Veit & co.
GLEICHEN, baron H. Charles von
Denkwürdigkeiten des Barons Carl Heinrich von Gleichen,
avec un chapitre sur Saint-Martin – Hirchfeld-1847