(Source : Histoire des Personnages Mystérieux & Des Sociétés Secrètes. Sous la direction de Louis Pauwels. Paris 1971)
Après avoir subi une éclipse d'une vingtaine d'années, l'enseignement ésotérique de Maria de NAGLOWSKA reprend actuellement, à Paris, force et vigueur, sans doute sous la trouble influence d'un courant de tantrisme qui se développe autant chez les hippies que chez les snobs de Passy. Si l'on en croit son autobiographie, Maria de Naglowska descendait d'une famille princière du Caucase et avait été mariée très jeune à un gentilhomme polonais, d'où son patronyme.
Ses parents auraient été spoliés par la révolution de 1917, et Maria aurait tenu ses pouvoirs de Raspoutine, ce qui est bien extraordinaire. Il est plus probable qu'elle fut en communication avec la secte des “Vieux Croyants”, les khiystis, à laquelle avait appartenu Raspoutine.
Elle passa une partie de sa vie en Égypte, où elle fut, semble-t-il, professeur de français, l'Égypte (alors comme maintenant) étant un des pôles de la magie cérémonielle.
Elle vint à Paris aux environs de 1935 et vécut dans de très modestes hôtels du quartier Montparnasse, 225, boulevard Raspail et 15, rue Bréa. Elle installa son templum 41, rue Vavin, dans un atelier d'artiste désaffecté.
C'était alors une femme frêle, blonde, aux traits ingrats, mais au regard magnétique. Il se dégageait de toute sa personne une impression de profonde sincérité. Elle parlait un français châtié, avec un fort accent slave. Elle était accompagnée, au Dôme comme à la Coupole, d'un grand benêt, son fils, que les discours-fleuves de sa mère semblaient prodigieusement ennuyer.
Ses premiers disciples étaient aussi faméliques qu'elle : modèles, rapins, invertis sans protecteurs. Puis elle recruta des fidèles parmi de riches étrangers et des bourgeois blasés, qui ne comprirent d'ailleurs pas grand-chose à ce que sa doctrine avait d'authentique. Elle se réclamait de Paschal Beverley Randolph, mais à tort sans doute, car Randolph exigeait que les cérémonies de magie sexuelle se fissent dans le plus grand secret, uniquement par couples, alors que Maria de Naglowska réunissait en bloc tous ses disciples, dent la plupart étaient d'une sincérité douteuse. Elle trouva un commanditaire pour la traduction et l'édition de Magia sexualis, et lança un bulletin qui n'eut que quelques numéros.
Elle exposa son message, en termes volontairement obscurs, dans une série de brochures : le Rite sacré de l'amour magique, le Temple ternaire, le Troisième Terme de la Trinité, la Lumière du sexe où elle reprenait avec candeur, ou rouerie, des doctrines analogues à celle des tantristes du Tibet.
Elle se proclamait grande-prêtresse d'amour et était accompagnée de prêtresses, dont elle disait :
“Nous émettons des radiations bénéfiques qui, en régénérant Satan, feront, un jour, le bonheur de l'humanité. Nous éveillons, en chaque disciple, la Connaissance, autrement dit le fruit de l'arbre du Bien et du Mal, au jardin d'Éden.”
Et elle ajoutait, pour les disciples “avertis” :
“Les débordements de tous les appétits sensuels ne sont que les premiers pas maladroits du Mal régénéré... La femme est la porte par laquelle on peut pénétrer dans le domaine de la mort comme dans celui de la vie éternelle. Ève est l'arène où la vie et la mort se livrent un combat sans merci.” Sa devise était : “Vers la connaissance à travers l'amour.”
Dans le templum de la rue Vavin, Maria célébrait un rite collectif qui attira sur elle l'attention de la police. Alors, elle plongea dans les ténèbres du Paris nocturne, et ne réunit ses disciples que dans des salons privés, à l'abri des dénonciations et des enquêtes.
On ne sait pas ce qu'elle devint pendant l'occupation. Le bruit a couru qu'elle fut victime de la Gestapo et qu'elle périt dans un camp d'extermination.
Il est regrettable que par faiblesse (ou ignorance) Maria de Naglowska n'ait pas mieux sélectionné ses premiers fidèles, car il y avait, dans ses opuscules, des enseignements ésotériques d'une authenticité certaine.
Parmi ses disciples, citons un érudit de grande valeur : Claude d'Ygé, l'auteur d'une Anthologie de la poésie hermétique, livre de chevet des “amants de la Licorne”.
Il a aussi traduit et commenté la Nouvelle Assemblée des philosophes chymiques, traité alchimique d'un rare intérêt.
Bibliographie
Le Temple ternaire (non mis dans le commerce).
Le Troisième terme de la Trinité (non mis dans le commerce).
La Lumière du sexe (non mis dans le commerce).
Le Rite sacré de l'amour magique (non mis dans le commerce).
Ouvrages disponibles
Initiation de Magie Sexuelle
Lire aussi :
Ouvrages cités ; ouvrages à consulter :
D'Ygé (C.) : Anthologie de la poésie hermétique (Paris, Dervy, s.d.) ;
la Nouvelle Assemblée des philosophes chymiques (Paris, Dervy, 1954) ;
Geyraud (P.) : les Petites Eglises de Paris (Paris, Emile-Paul, 1937).
Signalons que Pierre Geyraud est le pseudonyme d'un ancien vicaire de l'église Saint-Séverin, l'abbé Guyader, qui eut le malheur de perdre son fils dans une affaire criminelle, dite l'“affaire des J 3”.
LIENS :
http://infokrisis.blogia.com/2010/093001-la-sacerdotisa-de-lucifer-maria-de-naglowska.php
http://en.wikipedia.org/wiki/Maria_de_Naglowska
Maria de Naglowska (15 August 1883-17 April 1936)
Called 'La Sophiale' by Marc Pluquet, she was the daughter of General de Naglowski, the governor of the province of Kazan, and Catherine Kamaroff. Her father was poisoned by a Nihilist and she lost her mother in 1895. Having received an excellent aristocratic education, she married a violin soloist, a Jew named Hopenko, and moved to Berlin and later to Geneva. She had three children: Alexandre, Marie and André.
After separating from her husband, she moved to Italy, where she met a Russian émigré with an interest in the occult. He initiated her into the Hyperborean tradition and was probably the one who gave her this incomparable magic mirror made in Prague. As she could speak several languages fluently, she then travelled to Egypt, where the Theosophical Society of Alexandria asked her to give a series of lectures. She returned to Italy in 1930, and then moved to Paris until 1936. She translated P.B. Randolph's Magia Sexualis, in which one entire chapter is devoted to magic mirrors.
She lived in Montparnasse, the Bohemian quarter home to artists, writers and philosophers, and gave lectures at the Rotonde and Coupole, in the occultists' corner.
She wrote other works on Satanism and TTT (third term of the trinity).
An extreme sensitive, her natural gifts had been developed by many years of occult practice. She would occasionally use her mirror to open a window to the future.
In late 1935, while consulting the mirror, she had a vision of her impending death. In early 1936, she called together some of her disciples and bade them farewell. It was at this meeting that she gave her mirror and an icon of the Virgin of Kazan to one of her closest collaborators.
http://www.surnateum.org/English/surnateum/collection/hauntics/Maria.htm