Au Moyen-Âge, le dieu cornu devient le diable.
(Le diable selon une imagerie populaire.)

 

Dès le Paléolithique, des représentations artistiques ou des coutumes funéraires prouvent que l'homme a instauré des rites religieux ou magiques.

Il y a peu de renseignements sur cette civilisation ;
toutefois, on présume que la Puissance Suprême était figurée par un homme à la tête surmontée de cornes ;
cette entité est placée aux côtés d'un principe féminin. Dans la grotte des Trois-Frères (Ariège), un homme est affublé d'une peau de bête et d'un masque de cerf ;
il est entouré d'animaux sauvages.

On a aussi découvert des objets en os ou en cornes de cervidés sur lesquels se trouvaient sculptés des hommes porteurs de masques et de cornes qui semblent danser.

Du Néolithique à l'âge du bronze se perpétue le culte d'un “dieu cornu”. L'étude d'autres traditions pourrait confirmer la thèse selon laquelle cette divinité signifierait l'unique principe générateur.

Syncrétisme

Les religions naissantes remplacent peu à peu les anciens cultes qui s'anémient, mais le peuple des campagnes reste parfois fidèle à l'ancien dieu, associé à des mystères légués par les familles et les tribus.

Pour des raisons religieuses ou politiques, les nobles et les habitants des cités adoptent la foi nouvelle et les habitants la propagent. Peu à peu, les rites anciens se marient aux nouveaux dogmes.

On songe aux premiers siècles du christianisme, lorsque des croix étaient sculptées sur les menhirs, ainsi qu'aux fêtes païennes : par exemple, celle du solstice d'été est maintenant célébrée sous le vocable de Saint-Jean.

Le dieu cornu

Un attribut cornu apparaît souvent dans l'iconographie. Le dieu Pan, à la poursuite de quelque déesse, possède des cornes. Thésée doit tuer le Minotaure, être fabuleux et dangereusement cornu.

Le dieu égyptien Amon portait des cornes et le chef d'Osiris se parait d'une couronne où le symbolisme des cornes était très net.

Nous pourrions trouver d'autres exemples en Mésopotamie, en Babylonie, en Assyrie, également dans l'Inde.

Le dieu cornu traverse ainsi bien des civilisations et l'ethnologue Margaret Murray soutient la persistance en Europe de ce culte (le Dieu des sorcières).

Cet auteur estime que le christianisme, qui a assimilé toute divinité païenne à un diable, parvient à ruiner le prestige du dieu cornu : la division des puissances de l'au-delà entre les forces du bien et celles du mal caractérise un stade ultérieur de civilisation et le dieu de l'ancienne religion devient le diable de la nouvelle Église.

Cernunnos figure parmi les symboles druidiques.

En 1710, sous le chœur de Notre-Dame de Paris, on a trouvé cette divinité ornant l'une des quatre faces du troisième autel : d'une épaisse chevelure sortent deux cornes où sont suspendus deux torques (bracelets ouverts).

Nous en retrouvons à Reims, à Vendeuvres, à Saintes, sur le Chaudron de Gundestrup. Associé à Apollon, à Mercure ou à une divinité féminine, elle a pour attributs le torque, la bourse, le sac de graines ; cette divinité est souvent en relation avec le cerf, le rat ou parfois le taureau et le sanglier.

Elle est tantôt barbue, tantôt imberbe. Sans doute est-elle le père de la fécondité terrestre, le parèdre de la Terre-Mère ; elle est la force vitale, l'éveilleur des sèves et l'excitateur des fonctions biologiques”, le père du renouveau. Elle préside, selon toute apparence, aux unions fécondes.

Au Moyen Âge

Au Moyen Âge, le dieu cornu conserve ses adorateurs, mais les chroniqueurs chrétiens le tiennent pour l'ennemi de la nouvelle religion : il devient le diable. Pour Margaret Murray, les procès de sorcellerie (dont ceux de Jeanne d'Arc et de Gilles de Rais) sont dirigés contre les adorateurs de l'ancien dieu : l'Inquisition sévit contre les survivances de l'ancienne croyance ;
les sorcières seraient alors les prêtresses pratiquant l'antique religion, poursuivies par l'Église de Rome.

Ouvrage à consulter :

Murray (M.) : le Dieu des sorcières (Paris, Denoél, 1957).

 

Sources :
Histoire des Personnages Mystérieux & Des Sociétés Secrètes - Sous la direction de Louis Pauwels
Dictionnaire des Sociétés Secrètes en Occident - Sous la direction de Pierre Mariel
Dictionnaire pratique des Sciences Occultes – Marianne Verneuil