— Esprits — Depuis la plus haute antiquité, on établit linguistiquement une similitude entre les génies et les Esprits (idem en français, on dit indifféremment dans la langue courante, l'Esprit du Mal ou le Génie du Mal ; les hommes d'esprit et les hommes de génie ont d'ailleurs aussi des places contiguës dans nos nomenclatures). C'est donc au sens de génies ou de démons (voir ces mots) qu'il faut entendre « les esprits ».
A côté d'une multitude de croyances répandues dans tous les peuples du monde et à toutes les époques concernant les esprits, il faut aussi mentionner le sens intermédiaire que prend cette expression chez quelques primitifs. En mythologie américaine, par exemple, les Knisténaux (intérieur de l'Amérique septentrionale) s'imaginent que lorsqu'un homme est enterré sans qu'on place autour de lui tout ce qui lui a appartenu, son esprit revêt une forme humaine et se montre sur les arbres les plus voisins de sa maison. C'est un acheminement vers la notion de l'esprit distinct du corps et constituant le Ka des Égyptiens (voir au mot Double).
Le double, on le sait, se dégage du corps à la mort. Il peut d'ailleurs se séparer du corps avant la mort, mais, alors, ne le fait jamais complètement. L'Esprit, ainsi compris, peut donc se manifester aux vivants sous forme d'apparitions (voir ce mot). Ceci ouvre des horizons sur toute une conception à la fois traditionnelle et toute moderne des « esprits » — encore que le langage scientifique de la métapsychique emploie pour les désigner des vocables plus précis et plus justes.