On considérait, dans l'Antiquité, les éclipses comme de funestes présages. Leur origine était souvent attribuée aux visites que Diane ou la Lune faisait à Endymion, petit-fils de Jupiter qui l'avait admis dans le ciel et lui aurait demandé ce qu'il aimerait le mieux. Endymion aurait sollicité de dormir toujours sans être sujet ni aux atteintes de la vieillesse ni de la mort. C'est pendant son sommeil que la Lune, éprise de sa beauté, venait le visiter toutes les nuits dans une grotte du Mont Latmos, et en eut cinquante filles et un fils.
Une légende identique se rapporte à Isis ; elle était le sujet de fêtes où l'on plaçait une Isis avec son croissant et à ses côtés un Horus endormi. On faisait alors un énorme vacarme à l'aide de chaudrons, de timbales et de tambours, afin de le réveiller. On prétendait aussi en Thessalie, où les herbes venimeuses étaient plus nombreuses, que les magiciennes avaient le pouvoir d'attirer la lune sur la terre par leurs enchantements, et qu'il fallait faire un grand bruit à l'aide de chaudrons pour l'empêcher d'entendre les cris des magiciennes.
Les Lapons sont persuadés que ce sont des démons qui dévorent la Lune, aussi tirent-ils des coups de fusil vers le ciel pour secourir cet astre. Sur la côte de Malabar, on croyait que c'était un dragon qui dévorait la Lune, aussi les habitants sortaient-ils de leurs maisons en poussant des hurlements pour épouvanter le dragon.
En Chine, un empereur publia à l'occasion d'une éclipse une déclaration prétendant que le ciel annonçait par ce phénomène une grande calamité prête à tomber sur lui et sur son peuple. Aussi les Chinois, dès qu'une éclipse s'annonce, se prosternent-ils en se frappant le front contre terre, tandis que des tambours et des timbales retentissent.
Dans certaines régions de Chine, on croit encore qu'un mauvais génie cache le soleil de sa main droite et la lune de sa main gauche. Au Tonkin, on faisait lever les troupes armées tandis que toutes les cloches et les tambours faisaient un bruit effroyable. Certains Mahométans croyaient que c'était un chat qui mettait sa patte entre la lune et la terre et ils ne cessaient de danser en louant Mahomet tant que durait l'éclipse.
Les Mexicains, lorsque se produisait une éclipse, étaient pris de panique, se figurant que le soleil et la lune se querellaient et que cette dernière était blessée. Aussi les femmes et les jeunes filles se tiraient-elles du sang des bras ; tandis qu'au Pérou, on croyait que la lune était évanouie et risquait de tomber sur la terre. Aussi, afin qu'elle recouvre ses sens, ils attachaient des chiens à des arbres, les battaient jusqu'à ce qu'ils hurlent assez pour la réveiller.
D'une façon générale, les éclipses de lune entraînent des paniques moins grandes que les éclipses de soleil, et les éclipses partielles de moindres que les éclipses totales. Lors de l'éclipse totale de soleil qui fut visible en Europe en 1911, de nombreuses personnes, préalablement impressionnées par des prophéties annonçant la fin du monde, dépensèrent toute leur fortune dans les jours précédant l'éclipse, d'autres moururent de peur à son début.
Les animaux sont d'ailleurs sensibles à la panique générale, comme le raconte Camille Flammarion en l'expliquant à la fois par une brusque modification du régime des vents et de violentes perturbations magnétiques.
En astrologie moderne, les opinions sont partagées sur l'influence des éclipses ; il est certain qu'objectivement les dates d'éclipse ne correspondent à aucun événement historique ni fait remarquable. Comme nous avons personnellement commencé à le noter depuis l'éclipse totale de soleil de mai 1929.
Éclipses
« Écrevisse Eau Lustrale »