— Gnosticisme — La Gnose est la connaissance. C'est de la connaissance que vient le salut, et non de la foi. La Connaissance est celle des grands mystères de la Nature, des forces cachées, des vérités éternelles qui planent au-dessus des religions.
Pour acquérir cette Connaissance, une seule voie : celle de l'Initiation supposant la connaissance du symbolisme.
Les fondateurs de religions sont d'ailleurs de grands Initiés, c'est pourquoi les gnostiques s'en autorisent. La Doctrine de saint Paul, notamment, fut une Gnose et l'Église primitive fut gnostique. Les évêques, à partir du IIe siècle, disent les gnostiques, déformèrent les mystères et façonnèrent le Rituel dans le but de régner. Auparavant, la liturgie avait une valeur magique consciente et s'explicitait par un langage à triple sens (de l'esprit, de l'âme, de la chair).
Selon les gnostiques, la gnose est en continuité absolue depuis l'Égypte et la Grèce. Ils allèguent la parfaite similitude de certains symboles et de certains rites aujourd'hui partiellement fixés par le dogme.
L'Égypte, l'École de Simon le Magicien, par certains côtés le Platonisme et le Pythagorisme, la doctrine des Cathares, celle des Albigeois, la Sophia de Jules Doinel (fondée en 1888), l'Église d'Oomoto du Messie Onisobro Degoutchi (au Japon), la Chevalerie du Saint Graal, l'Église Gnostique contemporaine, sont les aspects d'un même et éternel courant.
Le courant ne pouvait pas ne pas avoir à subir les attaques de l'Église Romaine, qu'il accuse d'avoir dénaturé le sens vrai de la religion. La lutte alla effectivement de l'escarmouche théorique des premiers temps de l'Église, à la Lettre Pastorale « de principe » adressée par Léon XIII à son clergé à propos des gnostiques, en passant par les cruautés du Moyen Age, où les gnostiques étaient brûlés sans merci.
Dans son état actuel, le gnosticisme use d'un vocabulaire qui déconcerte un peu, célèbre ses offices dont le rituel ressemble au rituel catholique, a son clergé et ses fidèles. Derrière les apparences, le gnosticisme assume une fonction essentielle : la conservation des voies majeures de la Sagesse.
Savoir si l'Église gnostique actuelle est à la hauteur de sa tâche est une tout autre question, mais il n'y a pas de raison de supposer qu'elle faillit à sa mission. Le gnosticisme ne disparaîtra que le jour où il n'y aura plus à préserver les grands secrets contre quelque chose.
On peut prédire qu'elle va renforcer sa puissance et sa cohésion pendant les années d'intolérance qui nous attendent — après quoi elle aura peut-être terminé sa mission. Pour le moment, elle est hautement estimable parce qu'elle contribue dans la mesure de ses moyens à la lutte de l'Esprit contre la Lettre.