— Mythe —Un mythe est la projection d'un besoin collectif inconscient ou d'une conception latente de l'univers sur des personnages, des lieux, etc. Pendant longtemps, on a considéré le mythe comme une fable, avec toute la gratuité et l'intérêt poétique que cela comporte (voir au mot Fable). Depuis que la psychanalyse, notamment, a montré le lien univoque et constant qui lie la nature des mythes à l'inconscient collectif, on considère que le mythe est, comme nous l'avons dit, une projection.
Bien entendu, la mythologie réunit l'essentiel des mythes les plus constants et les plus fondamentaux ; mais il ne faudrait pas croire que le domaine du mythe se borne là. Nous vivons sur le mythe du progrès, de la vitesse, etc... Nous projetons quotidiennement les besoins de notre époque sur des mythes nouveaux ou rénovés (la vamp, née de toutes pièces, le gangster, remplaçant le pirate, etc...).
Comme l'expose le Dr Frétigny dans une étude remarquablement claire
1°) L'organisation d'un ensemble mythique est une transposition et une explicitation des conceptions cosmographiques et philosophiques d'une civilisation.
Ex. : la mythologie égyptienne est un reflet imagé de la philosophie de l'Égypte antique.
2°) Il existe des mythes de personnes (ex. : Jupiter), des mythes de situation (ex. : la Genèse, la Légende d'Oedipe, l'Organisation de l'Olympe), et des mythes de lieux (ex. : les Champs Élysées, le Bled, l'Olympe). Les premiers personnifiant des pôles de l'aventure humaine, les deuxièmes illustrant la conception collective inconsciente des articulations de l'univers de l'homme ; les troisièmes définissant par l'image les notions essentielles avec leurs caractéristiques poussées à la limite de la concevabilité.
3°) Les mythes naissent, vivent, se transforment et meurent. Ils peuvent ressurgir sous un autre nom toutes les fois qu'une civilisation passe par un stade analogue à celui qui les avait fait naître.
4°) En conséquence, il existe des rythmes évolutifs des mythes et leur étude constitue une branche de la psychosociologie.
5°) Par nature, les mythes sont ambivalents et possèdent en tant que symboles les propriétés combinatoires les plus étendues. Aussi représentent-ils le seul langage universel auquel se réfèrent en fin de compte ceux qui étudient les clefs de structure et lignes de force de l'univers.