— Sirène — On représente en général les sirènes comme ayant le haut d'un corps de femme, et le bas du corps d'un poisson ; cependant que la tradition la plus ancienne les figurait moitié femmes, moitié oiseaux. En effet, Pline les place parmi les oiseaux et Ovide leur donne des visages de femmes avec des plumes et des pattes d'oiseaux.
Ces monstres, dit-on, chantaient avec tant de mélodie qu'elles attiraient les passants puis elles les faisaient mourir. Dans son voyage, Ulysse dut boucher les oreilles de ses compagnons pour les garantir des enchantements des Sirènes ; il se fit attacher en outre au mât de son vaisseau.
Le Destin avait prédit aux Sirènes que si un seul passant leur résistait, elles périraient ; aussi, après le passage d'Ulysse, elles se précipitèrent dans la mer où elles furent changées en rochers. On a souvent confondu les Sirènes et les Néréides. C'est en raison de cette confusion qu'on leur a donné une queue de poisson.
Les Sirènes, filles d'Achéloüs et de Calliope, furent, d'après certains auteurs plus récents, métamorphosées en femmes-poissons après avoir osé défier le chant des Muses, qui leur arrachèrent leurs plumes et s'en firent des coiffures après les avoir vaincues.
La légende n'ôte jamais rien à la légende. Que le charme des oiseaux ou par les oiseaux (l'Oiseau Bleu, le Cygne de Léda, etc...) soit devenu le charme par le poisson peut avoir un sens révélateur de la nature profonde du mythe.
Les Sirènes représentent en tout cas le mirage, son danger et son côté séduisant ; c'est le charme de la nature. Quand le charme des forces naturelles échoue, c'est que l'homme l'a érigé en notion (rocher). Elles sont issues d'Achéloüs, fils lui-même de l'Océan, et de Cailiope, muse de l'Éloquence et de la Poésie épique. Or, l'Océan est l'Inconscient universel.
Tout le problème pour l'homme est donc, s'il ne veut pas succomber à sa condition, de consciencialiser ces forces (les voir sans les sentir — comme firent les compagnons d'Ulysse).