A l’aube lointaine de l’Humanité, le concept de voyance ou de paranormal ne pouvait exister.
"Le paranormal" ne se comprend que si on l’oppose au normal, c’est-à-dire à l’ensemble des phénomènes dans lesquels l’intelligence humaine démêle des relations constantes de cause à effet, extérieures à l’homme, indé- pendantes de sa volonté, et dont la connaissance lui permet d’agir sur la nature.
Une telle appréhension de l’univers matériel, opposé à l’univers mental, n’a émergé que lentement dans le cerveau de nos ancêtres.
L’homme qui, prenant conscience de lui-même en tant que sujet pensant, a conçu l’esprit comme une réalité autonome, interagissant avec la réalité matérielle. Mais nous ne saurons jamais comment s’est opérée cette mutation. Nous en trouvons les premières traces dans les activités magiques qui se perpétuent jusqu’à nos jours.
Impossible donc de dater avec précision le début de la voyance, du spiritisme, de la divination voire même de la parapsychologie car de tout temps les hommes ont cherché à connaître l’avenir, que ce soit pour prédire les récoltes ou connaître l’issue d’un combat. De tout temps, les hommes ont eu des intuitions.
Cassandre fut l’une des premiers médiums de l’histoire de la mythologie grecque dont nous avons des traces plus précises. Entre les Ier au IVe siècle environ, en Grèce et à Rome, ce fut l’apogée des haruspices, prétendant lire l’avenir dans le comportement ou les entrailles des animaux (principalement le foie), en construisant des temples de bois sacrés ou s’installant dans des grottes.
Chez les populations autochtones du nord de la Sibérie vivaient, récemment encore, des hommes appelés chamans, sorte de magiciens ou de sorciers qui dirigent la vie religieuse de la communauté.
Au cours du Moyen-Âge puis à la Renaissance pour le psychisme et la voyance, les choses se corsent lorsqu’advient le temps des croyances exacerbées et de l’Inquisition. Le paranormal prend la figure de la possession démoniaque.
Vient ensuite la noblesse qui n’hésitait pas à consulter oracles et astrologues.
On peut souligner à titre d’exemple la relation entretenue par la famille Médicis et Nostradamus.
En France, bien avant la période de la Révolution, au-delà du climat politique, la France connaît de nombreux changements et un véritable engouement pour les phénomènes du magnétisme animal étudiés par Franz-Anton Mesmer.
Ce sera le début d'une discipline qui fait moins peur, qui intrigue mais suscite de nombreux pratiquants et interêts divers.
Comme de récentes études l’ont bien mis au jour, l’irruption du spiritisme aux côtés du magnétisme et de l’hypnose, a profondément bouleversé à cette époque les rapports entre science et religion.
Dès la première moitié du XIXe siècle, l’Église faisait déjà planer l’ombre du Diable sur les somnambules magnétiques et soupçonnait fortement le caractère démoniaque de leurs pratiques.
Elle se garda cependant d’affirmer quoi que ce soit tant que médecins et aliénistes n’avaient pas pris position sur ces questions.
Vers 1830, un certain John Bovee Dods se met à enseigner que l’électricité est « le trait d’union entre l’esprit et la matière inerte » et « le grand agent dont se sert le Créateur pour mouvoir et régir l’univers ». Ainsi naît la psychologie de l’électricité, sur laquelle Dods, si incroyable que cela nous paraisse, fut invité à faire neuf conférences devant le Sénat américain.
Voici que dorénavant le monde moderne est secoué par la vogue des possessions, des mouvements occultistes de la période romantique: spiritualisme, spiritisme, théosophisme, astrophysique, illuminisme, transcendantalisme, Swedenborgisme, etc. Pour le moins, la question du statut qu’il fallait accorder à ces objets nouveaux ne fut pas simple à régler.
Plus de détail dans "Les portes de l'esprit" de Olivier BERNARD