Le “secret” respecté par ces groupements aurait été le principal motif de la condamnation pontificale de la Franc-Maçonnerie (Clément XII, 28 avril 1738) ; en réalité, la bulle In Eminenti a des raisons politiques qui n'ont jamais été clairement dévoilées.
La pensée secrète de chaque société ne peut se communiquer : le secret initiatique, purement spirituel, se ressent selon son propre état d'avancement de réalisation intérieure.
La société secrète initiatique puise dans le sacré ; les rituels, les symboles reflètent cette aspiration originelle dominée par l'esprit. Aussi, toutes les sociétés dont nous allons nous entretenir possèdent une part incommunicable qui n'est assimilable que par celui qui fait partie du groupe, mais qui échappe à toute autre personne, même la mieux intentionnée.
Il faut pouvoir partager cet idéal commun pour pouvoir comprendre et juger. Ceux de l'extérieur, les “profanes”, ne peuvent comprendre cette atmosphère.
Je me suis largement exprimé sur ce thème dans La Spiritualité de la Franc-Maçonnerie où je reprends la réflexion de Schwaller de Lubicz : “Ce qui est visible est le reflet de ce qui est invisible.
Dans aucune tradition il n'y a jamais eu la volonté de cacher quoi que ce soit à l'aide de symboles. L'énigme n'est pas en la chose, mais résulte de notre intelligence et de notre propos moral.” Casanova, franc-maçon, avait formulé une réflexion similaire.
Il faut insister sur le fait que le secret n'est pas de nature matérielle et qu'il ne donne pas la possibilité de commander les êtres et les choses. Le secret initiatique reste indéfinissable par sa richesse spirituelle.
Bibliographie : Jean-Pierre Bayard