À notre époque de haute technologie, de sciences qui se disent rigoureuses, le sens critique paraît étrangement manquer.
Chacun croit détenir une partie de ces savoirs car l'information largement diffusée fait naître des prétentions scientifiques, sociologiques, médicales qui frôlent le grotesque. 

Cependant, à la certitude des savants du xixe siècle, succèdent nos relations d'incertitude. La science débouche sur des valeurs psychologiques et sacrées, sur l'Imagination créatrice. La société Pugwash, ou Internationale des Savants, ouvre les barrières des nationalités pour faire connaître les possibilités pacifiques de la recherche scientifique.

Dans notre univers désacralisé, l'homme aspire à une conception plus large et désire s'éloigner de cet esprit de profits matériels. Il constate que la vie de l'âme a aussi son intérêt...

Le christianisme n'apporte plus toujours une réponse satisfaisante à nos questions angoissées ; l'abandon de nombreuses valeurs sacrées inquiète les fidèles qui, souvent, n'ont plus confiance dans les représentants de l'Église. Le catholicisme romain, en perdant son dogme, en croyant se rapprocher du peuple, perd une part de ses mystères qui doivent parler non à l'intelligence mais à l'âme et au coeur.

Après Nietzsche, des théologiens et des philosophes ont proclamé la mort de Dieu. L'athéisme prophétisé par Feuerbach n'implique-t-il pas une nouvelle prise de conscience ? Sans vouloir l'avouer, l'homme possède en lui le désir d'une recherche de l'absolu, du sacré.

N'étant plus subjugué par les cultes qui, jusqu'ici, l'ont aidé à maintenir sa dévotion, il se tourne vers des groupes spiritualistes et leur demande de lui fournir une certitude intellectuelle afin d'assouvir sa foi.

Or, les sectes ont leur certitude ; elles affirment leurs croyances et vont jusqu'au fanatisme. Nous assistons à une mutation de l'esprit religieux. D'ailleurs, les sectes sont maintenant nommées “mouvements religieux”.

 

 Le secret

Bibliographie : Jean-Pierre Bayard