— Physiognomonie — La physiognomonie est une science d'observation interprétant les traits de la physionomie et déduisant des caractéristiques du visage, celles du caractère.
Cette science fut sinon fondée par Lavater, du moins considérée pour la première fois par cet auteur comme une discipline autonome. De nombreuses notions ont été ajoutées à celles de Lavater, qui font aujourd'hui de cette science un ensemble complexe. Il y manque pourtant encore de s'intéresser à l'expression du visage, bien plus instructive que l'étude des traits.
Dans l'ensemble, les systèmes physiognomoniques prétextent l'étude positive et sont fondés sur l'analogie. Citons le système planétaire (le mieux adapté et le plus pratique), le système du Dr Corman, le système quaternaire basé sur les tempéraments. Sur tous ces derniers, voir l'article consacré à la Typologie. Citons encore le système du Dr Martin qui synthétise des données embryologiques solides et les notions traditionnelles. Enfin, esquissons rapidement quelques idées complémentaires.
1°) Du point de vue général : outre que la physiognomonie fait généralement abstraction de l'expression, elle est en butte à une difficulté majeure, à savoir que le visage est à la fois « l'organe de l'expression » et « outil de l'expression volontaire ». Parmi les signes, le physiognomoniste va donc avoir à démêler ce qui ressortit :
a) à la manifestation involontaire de problèmes inconscients ;
b) à la « nature fondamentale du sujet et
c) à la correction volontaire et habituelle apportée par lui (rictus mondain, épilation et fards, mines de circonstances, façade). Pour cette raison et dans l'état actuel de nos connaissances, l'étude de la main est infiniment plus sûre que celle du visage.
2°) La notion de latéralité, qui a été bien étudiée par les psychologues eux-mêmes (depuis Abram) et les homéopathes à un tout autre point de vue, n'est pas encore entrée, à notre connaissance, dans une synthèse profonde de physiognomonie.
On sait que le côté droit du visage exprime les aspects social, objectif, extérieur du personnage, le côté gauche ses aspects individuel, subjectif et affectif. La dissymétrie des photographies de face est d'ailleurs saisissante et explicite.
Si l'on tire une épreuve correspondante à deux fois la moitié gauche du cliché et une autre correspondant à deux fois la moitié droite du cliché, on obtient deux visages absolument différents, révélant deux aspects du personnage. Mais lorsqu'il s'agit d'interpréter ces différences analytiquement, on rencontre mille difficultés.
3°) Parmi les systèmes intéressants à signaler, mentionnons par exemple ceux qui partent du symbolisme général de la droite, de la courbe, de l'angle, des directions, etc... (Celui de Simseck en est un des meilleurs exemples, et que l'auteur a appliqué à l'analyse des visages fixés par la Tradition : Bouddha, la Face du Christ, etc...) ; Ceux qui ont pris pour point de départ analogique la diversité des physionomies animales (type oiseau de proie, type poule, type lion, type cynocéphale, etc...), ce qui constitue un ensemble très valable, mais peu maniable ; ceux qui prennent pour base analogique les systèmes constitués de toutes sortes (types des homéopathes, alchimistes, zodiacaux, etc...).
4°) Enfin, parmi ceux qui méritent un développement, il faut citer le système ternaire classique, parce qu'il est plein d'assonances valables et, partant, plein d'enseignements. Le visage étant divisé comme le montre la figure ci-dessous, l'étage inférieur A correspond à la vie instinctive, la zone moyenne B, à la vie affective, la zone supérieure C, à la vie intellectuelle. Dans chaque zone, on distingue des zones secondaires a, b, c, correspondant aux mêmes significations et se combinant avec les précédentes de manière à donner la nomenclature suivante :
A — Plan purement instinctif de la vie instinctive.
Ab — Plan affectif de la vie instinctive.
Ac — Plan intellectualité de la vie instinctive.
Ba — Plan instinctif de la vie affective. Etc...
Lorsqu'on examine un visage, il est évident que toutes ces zones sont, par rapport aux schémas théoriques, plus importants ou moins importants ; d'où l'on tire toutes les indications sur les prédominances et insuffisances du caractère. Quelques clefs complémentaires aident l'interprétation : notamment la valeur propre, de chaque partie (les narines traduisent l'aspiration au contact avec la vie, les sourcils la défensive instinctive du plan de la pensée, etc...), et cette notion que, globalement, la largeur correspond au quantitatif et la hauteur au qualitatif. Bien manié, ce système est souple et très valable.
Nous donnerons pour terminer une clef analogique encore inédite et qui procède du code ternaire ci-dessus esquissé : si l'on considère le profil humain placé dans un système de coordonnées, comme il l'est dans la figure ci-dessous, on voit qu'il peut être considéré comme une courbe. Si l'on fait correspondre les ordonnées aux âges de la vie, les abscisses correspondront à l'intensité des processus correspondant aux différents étages selon la nomenclature exposée plus haut.
Ainsi l'homme aurait une culminance instinctive vers l'âge de quinze ans (dans tel profil examiné), une culminance affective vers l'âge de vingt-cinq ans, un maximum de rendement mental pur vers la cinquantaine, d'ailleurs suivi d'un déclin Les premières données de ce système incitent à vérifier les hypothèses de travail suivantes :
a) les différences de types correspondent aussi à des différences de rythmes (et de sous rythmes, car chaque instant participe du rythme global).
b) les différences liées au sexe indiquent l'inégale répartition des cycles glandulaires.
c) dans l'interprétation individuelle, il faut déterminer la part des invariants, des accidents et des signes et cela peut mener par analogie à découvrir des correspondances au point de vue des rythmes.
d) Le parallèle entre la courbe du profil et les cycles déjà connus (glandulaires, cycle de 23, 28 et 33 jours, cycles biologiques divers) peut mener à découvrir des rythmes nouveaux.
e) Le type racial fixé par l'art (Apollon, le Sphinx, Bouddha...) peut procéder d'un rythme ayant des analogies avec les caractéristiques d'une civilisation.
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, la connaissance du symbolisme a infiniment plus enrichi la physiognomonie que la possibilité offerte par la photographie d'accumuler des visages par milliers.